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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 19:30
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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 01:12

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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 01:10
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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 20:09
Introduction 

 

Située au sud-ouest d’Antigua et au nord-ouest de la Guadeloupe, l’île de Montserrat est la plus méridionale des îles sous-le-vent (figure 1). D’une superficie de 102 km2, ce territoire britannique d’outre-mer (administré par un gouverneur, assisté d’un conseil législatif et d’un conseil exécutif) fut surnommé « l’île émeraude des Antilles », en raison du caractère verdoyant de ses versants volcaniques. Il est vrai que sur ce petit territoire, la luxuriance de la végétation n’a d’égale que la diversité faunistique et particulièrement ornithologique ; trois espèces de colibris y ont d’ailleurs été recensés, alors qu’il n’en existe généralement que deux dans les autres îles de la Caraïbe.

Jusqu’en 1994, cette île bénéficia d’une forte renommée touristique, qui conduisit de nombreux retraités américains, britanniques et canadiens à s’y installer. Bien que la capacité hôtelière de l’île soit limitée, de nombreux touristes venaient y passer la journée puis se repliaient ensuite sur les îles voisines (Antigua, La Guadeloupe, etc.).

D’origine volcanique, la couverture sédimentaire des anses sablonneuses est de couleur noire, à l’exception d’une plage (située au nord de l’île), circonscrite par des récifs coralliens, qui est un haut lieu de la plongée sous-marine.

Cette présentation quasi idyllique ne doit nullement occulter le fait que cette île, à l’image de nombreuses autres îles de la Caraïbe, est soumise à de nombreux aléas naturels (éruptions volcaniques, ouragans, etc.) et par conséquent à une vulnérabilité exacerbée.

 

En juillet 1995, la Soufrière Hills (volcan de type péléen, appelé aujourd’hui volcan gris) entra en éruption après plus de 20000 ans d’inactivités. Cela se traduisit par l’émergence d’un dôme volcanique, des coulées de débris, des lahars et plus généralement des nuées ardentes. La capitale Plymouth, petite ville à l’architecture Georgienne, fut ensevelie sous 60 centimètres de cendre, alors que d’autres régions furent littéralement fossilisées par 5 ou 6 m de dépôts volcaniques. La région méridionale de l’île due être totalement évacuée, et sur les 12000 habitants que comptaient l’île en 1995, seuls 4000 acceptèrent d’être relogés dans la partie septentrionale (les autres migrèrent vers Antigua, la Grande-Bretagne et de façon plus marginale vers les États-Unis).

Bien que la phase éruptive la plus active soit passée, de temps à autre l’île est agitée de secousses sismiques et d’effondrements de pans de versants volcaniques. En dehors de ces manifestations relictuelles, la vie reprend doucement son cours sur l’île, bien que la moitié sud soit encore interdite pour les dix ou quinze prochaines années.

 

Au cours de son histoire récente, l’île de Montserrat eut à souffrir des dégâts causés par les ouragans. En 1979 (David), en 1989 (Hugo) et plus récemment en 1995 et en 1998 (Luis et Georges), les houles cycloniques rabotèrent sa frange côtière avec force. Pour ne prendre qu’un exemple, lors du passage du cyclone Luis en 1995, la plage de Fox’s Bay (côte ouest) se replia sur plus de 20 m, alors qu’elle recule en moyenne chaque année de 2,3 m (UNESCO, 2000). En 48 heures, les mécanismes hydrodynamiques marins (houles, courants, etc.) libérèrent une énergie équivalant à 10 années d’érosion. Cette dynamique n’est pas exceptionnelle, puisqu’en 1979 et en 1989 lors du passage des ouragans David et Hugo, les plages qui étaient traditionnellement en phase d’accrétion [Sugar Bay (+ 0,9 m/an), Old Road Bay (+ 1,9 m/an), Carr’s Bay (+ 0,8 m/an) et Fram’s Bay (+ 2,1 m/an)] reculèrent d’une quinzaine de mètres en moyenne en moins de 48 heures. Celles qui étaient traditionnellement érodées [Sturge Park Beach (-2,6 m/an), Woodlands Bay (-1,1 m/an) et Little Bay (-1,5 m/an)] s’amenuisèrent encore plus vite : une vingtaine de mètres en 36 heures.

A ces mécanismes spasmodiques, s’ajoutent une dynamique érosive saisonnière. De nombreuses plages de la côte occidentale sont soumises à une dynamique d’engraissement durant les mois de juin, juillet, août et septembre (au cours de l’été de l’hémisphère nord), alors qu’elles s’amenuisent fortement au cours des mois de décembre, janvier, février et mars (durant l’hiver de l’hémisphère nord), se transformant en de petites grèves dépourvues de sédiments ammophiles.

En dehors de l’impact de ces mécanismes (spasmodiques et/ou saisonniers) sur le trait de côte, les infrastructures anthropiques pâtissent aussi de cette dynamique, car cela se traduit par un  sapement de la base des talus qui supportent les voies de communications, une mise à nu des fondations des maisons (plage de Carr’s Bay après le passage de l’ouragan Georges en 1998) et plus généralement une destruction des infrastructures côtières qui, se trouvant subitement au contact de la zone de déferlement, doivent être abandonnées (ce fut le cas de maisonnettes construites sur le Plage de Fox’s Bay après le passage de l’ouragn Lenny en 1999).

 

Pour tenter de pallier cette situation, les autorités locales (Physical planning department, Fisheries division) s’associèrent au projet COSALC (UNESCO), qui vise à stabiliser les côtes et les plages des Petites Antilles. Des investigations furent donc menées entre 1990 et 1995, puis reprirent en 1999, après la crise volcanique. Au-delà du simple constat de forte érosion du trait de côte, trois solutions furent émises :

1. revégétaliser les anses sablonneuses par l’emploi de plantes endémiques ; par exemple, le raisinier bord-de-mer (Coccoloba uvifera), très répandu dans toutes les petites Antilles, est un arbuste disposant d’un réseau racinaire suffisamment dense pour stabiliser durablement le substratum ammophile. Il en est de même des patates bord-de-mer (Ipomea pès caprea) dont l’enchevêtrement du couvert foliaire et la densité du réseau racinaire empêchent toutes manifestations érosives. L’UNESCO préconisa même que ces deux espèces soient plantées prioritairement sur les espaces récemment gagnés sur la mer par les coulées volcaniques.

2. Imposer une largeur minimale en deçà de laquelle aucune construction côtière ne pourra être réalisée. En effet, après une dizaine d’années d’analyses diachroniques, il apparaît que le profil des plages tend à se replier de plus ou moins 15 à 25 m selon les saisons et selon les processus en cours. Une nouvelle législation devrait donc voir le jour et imposer que les constructions pionnières ne se développent qu’à une cinquantaine de mètres de la zone de déferlement.

3. Une autre solution consisterait à éviter l’emploi d’infrastructures de protection lourdes (digues, murs, enrochements, etc.), car elles perturbent durablement la dynamique labile du milieu littoral et particulièrement les échanges sédimentaires qui s’effectuent entre le haut et le bas de plage.

 

En Martinique et en Guadeloupe, des recommandations similaires ont déjà été formulées dans des publications scientifiques (Saffache, 1998 ; Saffache, 2002 ; Saffache, 2003) et lors de séminaires, sans que cela n’ait la moindre incidence sur les modalités d’aménagement.

En définitive, qu’il s’agisse des îles de Montserrat, de la Martinique ou encore de la Guadeloupe, les modalités de protection et d’aménagement du milieu doivent se conformer à de vraies études de terrain et prendre appui sur des travaux scientifiques reconnus. Le respect de ces procédures est un premier pas vers une politique d’aménagement et de développement durables.

 

Bibliographie

- Fisheries division of Montserrat, Physical planning department of Montserrat, University of Puerto Rico, Sea Grant College program, Caribbean development Bank, UNESCO. 2000. Wise practices for coping with beach erosion, Montserrat. S.L. : S.N., 10 p.

- Saffache P. 1998. L’érosion du littoral nord-ouest de l’île de la Martinique entre 1955 et 1994 : influence des paramètres physiques et anthropiques, Photo Interprétation. Images aériennes et spatiales, Vol. 36, 98/4, p. 172-177.

- Saffache P. 2002. De l’érosion à la protection : éléments pour un aménagement côtier raisonné, Ecologie et Progrès, 2, p. 98-109.

- Saffache P. 2003. Petit guide de l’érosion côtière, Combat Nature, 143, p. 41-42.


 


 

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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 15:49
Quelques images du cockpit et de l'appareil d'Air Antilles Express








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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 14:57
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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 14:29
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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 00:20

 

Introduction

En Guyane française, les premiers explorateurs pensaient trouver une fabuleuse contrée où l’or abondait. Bien que l’existence de ce site mythique ne fut jamais prouvée, le premier gisement aurifère fut découvert en 1855 (Moullet et al., 2005).

L’exploitation aurifère est aujourd’hui la seconde activité industrielle de la Guyane française (juste devant les filières pêche et bois), car elle représentait en 1999, 38,2 % du total des exportations, soit une valeur estimée à 40 millions d’euros. Cette activité est aussi la première source de revenus de ce département, puisqu’on estime que ce sont en moyenne chaque année 5 tonnes d’or qui sont produits légalement et près de 10 tonnes qui sont exportées (la différence provenant de l’orpaillage illégal). Certains éléments semblent toutefois assombrir ce tableau : alors que les quantités d’or extraites et déclarées à la DRIRE stagnent, l’importation de mercure ne cesse d’augmenter. En 150 ans, ce sont essentiellement les terrasses alluvionnaires, exploitées illégalement, et les fleuves qui ont concentré les plus gros volumes de mercure. Cette activité se traduit donc par un certain nombre de nuisances pour l’homme et son environnement. Des expertises ont été menées (Boudou, 1996 ; Taubira-Delannon, 2000 ; Carmouze et al., 2001) et ont mis en évidence l’apport anthropique de mercure dans les fleuves guyanais. Ainsi, l’orpaillage favorise indirectement la mobilisation du mercure naturellement présent dans les sols (cette part de mercure correspond au fond géochimique) et met aussi en circulation le mercure qui sert à amalgamer l’or ; d’importantes dégradations s’exercent ainsi dans la forêt à l’abri des regards. Ces atteintes environnementales sont nombreuses (contaminations mercurielles, érosions, rejets d’hydrocarbures, décharges sauvages, etc.) et leurs effets sur la santé des populations importants.

De façon à entrevoir les principaux facteurs de contamination mercurielle, leurs origines seront présentées et des solutions proposées.

 

 A l’heure où la Guyane souhaite s’inscrire dans une démarche de développement durable, comme le souligne son « livre blanc » réalisé en juin 2002, il s’avère que ses ressources minérales non renouvelables sont soumises à un véritable gaspillage.

C’est au milieu du XIXe siècle que Félix Couy, commissaire du quartier de l’Approuague, exploita le premier gisement aurifère de Guyane française. L’épaisse forêt guyanaise ne permettant pas le développement des techniques d’extraction industrielle, l’orpaillage s’imposa rapidement. Contrairement à la première période aurifère (de la moitié du XIXe siècle au milieu du XXe siècle), la période actuelle permet quelques espoirs. En effet, de plus en plus de multinationales portent un intérêt aux gisements primaires, laissant entrevoir la possibilité de nouveaux investissements et la création d’emplois dans le département (s’agit-il en réalité d’un vrai progrès, quand on sait que la compagnie canadienne CAMBIOR a déversé d’importantes quantités de cyanure dans les fleuves surinamiens ?). De plus, les carences juridiques dont souffrait ce secteur d’activité semblent se résorber progressivement. Bien que primordiaux, ces aspects ne peuvent occulter les dégradations environnementales qui se développent au cœur de la forêt guyanaise sous l’action des orpailleurs clandestins.

Estimés à 10000 environ (services de gendarmerie nationale), les orpailleurs clandestins occupent plus de 500 sites qui se sont développés dans les secteurs à fort potentiel aurifère. Ces sites sont ouverts et exploités par les garimpeiros qui, fuyant la misère des favelas, tentent d’extraire quelques paillettes d’or à l’abri des regards indiscrets. Il est vrai que la forêt guyanaise, d’une superficie de 80000 km², couvre 90 % du département et ne permet pas une surveillance efficace.

Bien que des actions soient menées régulièrement par les forces de gendarmerie, dans le cadre des opérations « anaconda », l’orpaillage clandestin s’intensifie et cette activité pose un véritable problème aux pouvoirs publics. Il est vrai que la forêt guyanaise est un milieu protégé qui permet aux trafiquants d’œuvrer en toute impunité.

 

L’orpaillage fait appel à des techniques qui présentent des effets néfastes pour l’homme et son milieu. Il y a d’abord le lavage des sols, qui a pour fonction de libérer les microparticules d’or, ce qui a pour conséquence d’augmenter la turbidité de l’eau des fleuves et par extension celle du milieu marin ; cela se traduit par une disparition de la faune et de la flore littorales. Les sols guyanais étant naturellement riches en mercure, cette technique libère ce métal sous sa forme la plus élémentaire. 

Les nuisances occasionnées par l’activité clandestine ne se bornent pas à des effets indirects, puisqu’une part importante du mercure utilisé par les clandestins est directement transférée vers le milieu naturel au cours des phases d’amalgamation de l’or. Les orpailleurs utilisent en effet du mercure pour recueillir les paillettes d’or et cet apport anthropique vient s’ajouter à celui qui est libéré au cours du lavage des sols. Durant la destruction de l’amalgame, une part importante de mercure se volatilise (70 % environ) et retombe au sol sous l’effet des pluies ; ces retombées atmosphériques s’effectuent généralement à proximité des campements illégaux.

La proximité de certains pays comme le Brésil et le Suriname n’est pas favorable à une amélioration des pratiques aurifères actuelles, puisque ces derniers, par leurs contrôles indigents, facilitent l’entrée des garimpeiros dans la forêt guyanaise. La coopération régionale présente de surcroît d’importantes lacunes, ce qui concoure à pérenniser les dégradations. A titre d’exemple, l’extraction par barge est interdite en Guyane, alors qu’elle est autorisée au Suriname et au Brésil et en réalité largement pratiquée clandestinement en Guyane française.

S’il est vrai que l’activité clandestine est un véritable fléau en Guyane, les alternatives proposées par le gouvernement sont dépassées ; la forêt guyanaise est en outre un territoire immense aux frontières particulièrement perméables, ce qui rend les contrôles difficiles. Bien que des PME investissent dans de nombreux placers et que des compagnies internationales s’intéressent aux gisements d’or primaire, l’activité illégale tend à se renforcer et prend une ampleur démesurée. A titre d’exemple, certains orpailleurs clandestins utilisent du matériel semi industriel pour exploiter le milieu (pelle mécanique, pompe à eau à haute pression « lance monitor », barge de dragage, etc.), ce qui a pour conséquence de détruire durablement les sites.

 

 


En Guyane française, l’orpaillage est un des principaux facteurs de contamination mercurielle et les rejets, qu’ils soient directs ou non, intègrent la chaîne trophique.

Le mercure est habituellement utilisé dans les chantiers aurifères pour récupérer les paillettes d’or présentent dans les boues des barranques ; lors de cette première opération, une partie plus ou moins importante se répand dans la nature. Par la suite, l’orpailleur doit séparer le mercure de l’or et la solution consiste à vaporiser ce métal. L’amalgame est chauffé à une température comprise entre 400 et 500°C ce qui entraîne la vaporisation du mercure, qui bout à partir de 357°C, alors que l’or ne bout qu’à 1063°C.

Pour évaluer l’exposition des populations et quantifier les volumes de mercure perdus lors des processus d’amalgamation, des estimations ont été réalisées : 20 % du mercure sont perdus lors l’amalgamation et 70 % se vaporisent lors de la destruction de l’amalgame. Les 10 % restant sont perdus lors de la phase de purification de l’or dans les commerces spécialisés (Carmouze et al, 2001). Le mercure perdu dans la nature s’additionne à la fraction présente dans les sols guyanais et contamine durablement le réseau trophique. La quantité de mercure perdue dans le milieu naturel guyanais depuis le début de l’exploitation aurifère  est estimée à 300 tonnes environ (Boudou, 1996). 

Une étude menée par l’InVS et l’INSERM présente les résultats de l’imprégnation mercurielle chez une population amérindienne. Dans plus de 50 % des cas, les indiens présentent une concentration en mercure supérieure à la valeur recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui est de 10 µg/g dans les cheveux ; leur concentration moyenne de mercure étant égale à 11,4 µg/g (InVS, 1994). Cette imprégnation mercurielle semble résulter de la contamination de la chaîne alimentaire. Les indiens consommant de grandes quantités de poissons et le mercure étant souvent rejeté dans les rivières lors des opérations de pressage (Carmouze et al, 2001), tout porte à croire que cette pratique est à l’origine de la contamination directe des poissons (bioaccumulation) et indirecte des populations.

Des études appliquées ont permis de cerner le transfert mercuriel de sa forme élémentaire à sa forme organique. Le barrage hydroélectrique de Petit-Saut, par exemple, fonctionne comme un bio-réacteur et la raréfaction de l’oxygène à moins de cinq mètres de profondeur rend la formation de méthylmercure possible. Les fleuves soumis aux pressions de l’orpaillage étant de nature exoréique, on comprend dès lors l’impact de ce phénomène en Guyane française si ce processus de méthylation s’opère au sein d’un milieu anoxique comme la mangrove.

 

Dès que la forme organique du mercure est présente dans le milieu aquatique, sa bioamplification devient difficilement contrôlable et accentue de ce fait le risque pour les populations (Charlet et al., 2002). Les mangroves étant présentes sur la quasi totalité du littoral guyanais, le stockage du méthylmercure au sein des sédiments vaseux semble plausible.

 

 

III. La télédétection comme élément de réponse à l’orpaillage illégal ?

La photographie aérienne et l’imagerie satellitaire sont des outils qui permettent d’obtenir un certain nombre d’informations relatives à la localisation des sites d’orpaillage. Ces outils servent entre autre à localiser les sites clandestins, ainsi que les sites légaux qui dépassent les surfaces concédées contractuellement.

L’orpaillage sous-tendant la mobilisation d’une certaine quantité de matière terrigène dans les canaux drainant naturels, il est possible de détecter très rapidement la présence de sites clandestins en analysant, par le biais des images satellitaires, les secteurs où la turbidité de l’eau est supérieure à la normale. La réflectance de l’eau permet alors de déterminer la profondeur, mais également la turbidité. Par la suite, l’image satellitaire permet de localiser les sites qui sont « orpaillés » et l’emploi de la photo aérienne favorise une meilleure localisation du site; les barranques et les zones de déforestations apparaissent alors avec une meilleure définition (Polidori et al, 2001). La télédétection permet à la fois de surveiller le développement de l’activité aurifère, ainsi que ses effets sur le milieu naturel.

Quelques méthodes nouvelles sont mises en avant par la DRIRE et concernent principalement l’éducation des orpailleurs ; l’objectif est d’essayer de leur faire prendre conscience des dangers qu’ils encourent en manipulant du mercure et les effets de ce métal sur l’environnement.

 

 

Conclusion

L’imagerie satellitaire et la photographie aérienne sont des outils qui permettent de surveiller l’activité aurifère et ses effets sur l’environnement. Toutefois, l’activité illégale continue à se développer en Guyane française et la mobilité de certains orpailleurs sous-tend une surveillance trop ponctuelle.

L’accent doit donc être mis sur les méthodes qui visent essentiellement à diminuer l’érosion des sols, ainsi que l’apport en mercure élémentaire dans le milieu naturel. Des actions sont donc à mener sur le terrain pour diminuer les risques de contamination mercurielle, ainsi que l’enrichissement des zones anoxiques en mercure élémentaire ; ces zones anoxiques sont de véritables bioréacteurs qui modifient la forme élémentaire du mercure en une forme plus toxique, le méthylmercure. Sans être alarmiste, il est important de valoriser ces axes quand on sait qu’une grande partie du littoral guyanais est occupée par une vaste zone anoxique, la mangrove. 

La Guyane s’inscrit aujourd’hui dans une démarche de développement durable et les propositions faites dans l’agenda 21 concernant l’orpaillage sont loin d’être optimales. L’or est bien une ressource minérale non renouvelable et l’orpaillage, légal ou  non, ne peut pas être considéré comme une activité propre. Bien que la législation concernant cette activité semble se renforcer, avec notamment l’arrêt des importations de mercure d’ici 2006, l’orpaillage ne peut s’inscrire dans une démarche de développement durable.

Par ailleurs, un parc national est actuellement à l’étude en Guyane et on peut se demander si ce projet ne s’inscrira pas en rupture avec les autres parcs nationaux de France, car en dehors de l’espace central de ce futur parc  (19000 km² d’espaces protégés environ), l’orpaillage légal sera autorisé aux alentours. La plus grosse action à mener reste donc bien l’information des populations et plus généralement leur prise de conscience de la forte vulnérabilité du milieu. L’interdiction des activités d’orpaillage au sein du périmètre d’un parc national semble évidente.

 

 

Bibliographie

-  Ardillon V., Chaud P., Godard E., Quenel P. 2005. Le mercure en Guyane risques et enjeux de santé, La Tribune des Antilles, n° 45, p. 23-33.

- Boudou A. 1996. Schéma de synthèse sur les principales voies de transfert du mercure, depuis les rejets liés aux activités d’orpaillage jusqu’aux populations humaines. Laboratoire d’Écophysiologie et Écotoxicologie des Systèmes Aquatiques, Université de Bordeaux I/CNRS.

- Calmont A. 2002. Le barrage de Petit-Saut (Guyane) et son impact sur l’environnement, Aménagement et Nature, 143-144, p. 119-143.

- Moullet D., Saffache P. 2005. L’exploitation aurifère en Guyane : pour une prise de conscience des dégradations, La Géographie (Acta Geographica), 1517, p. 108-112.

- Institut de veille sanitaire : http://www.invs.sante.fr/publications/mercure/rapport1.html ; http://www.invs.sante.fr/publications/mercure_guyane/index.html

- Programme mercure en Guyane : http://www-lgit.obs.ujf-grenoble.fr/users/charlet/Mercure/ ii.htm

- IRD, laboratoire régional de la télédétection (Polidori (L)) : http://www.cayenne.ird.fr/laboratoires/teledetection/pres-LRT.htm

 



En 2002 et 2003, les quantités d’or extrait et déclaré à la DRIRE sont respectivement de  3215 kg et 3297 kg ; pour la même période, les quantités de mercure importées sont de 5,6 tonnes en 2002 et 8,4 tonnes pour l’année 2003. (Source : DRIRE-BRGM, 2004)

La production des ces clandestins a été estimée à 35 tonnes au cours des cinq dernières années.

Cette étude est intitulé « Exposition au mercure de la population amérindienne Wayana de Guyane ». Elle est réalisée en 1994 et sa mise à jour remonte à septembre 1999. Elle est consultable l’adresse suivante : http://www.invs.sante.fr/publications/mercure/rapport1.htm

Arrêté N° 1232/SG du 08 juin 2004. Interdisant l’utilisation du mercure pour l’exploitation aurifère en Guyane. ARTICLE 1 : L’utilisation du mercure pour l’exploitation aurifère en Guyane est interdite à compter du 1er janvier 2006.

 

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28 février 2009 6 28 /02 /février /2009 23:15

 Introduction

Localisée par 15°25’ de latitude nord et 61°21’ de longitude ouest, la Dominique est un petit territoire volcanique de 751 km² (figure 1) qui compte 71000 habitants (2004). Situé entre les départements français de la Martinique et de la Guadeloupe, cet état membre du commonwealth, bénéficie d’une faune diversifiée et d’une végétation luxuriante entrecoupée d’innombrables rivières (365 au total).

Son économie repose sur son agriculture qui représente près de 22 % de son PIB. On comprend donc pourquoi le passage répété des ouragans, en fragilisant l’activité bananière, perturbe durablement l’économie locale et par extension le fonctionnement de l’île. La diversification de son économie est donc une priorité et les efforts consentis dans ce domaine se poursuivent grâce à l’aide internationale : développement du tourisme, création d’industries de transformation, etc.

Si la richesse écosystémique de l’île est indéniable et constitue un atout majeur pour le développement de ses activités touristiques, elle est menacée par des facteurs naturels et anthropiques. Les écosystèmes sont en effet soumis à d’importantes dégradations imputables aux ouragans et aux activités agricoles, urbaines et industrielles. Les difficultés économiques de l’île sont un facteur aggravant, puisqu’elles limitent les autorités étatiques dans leurs politiques de gestion et de protection du milieu. A partir de quelques exemples, la dégradation des écosystèmes dominiquais sera donc présentée et des solutions proposées.

 

 

I. Des dégradations d’origine naturelle et anthropique

I.1 Les incidences du changement climatique global sur les écosystèmes côtiers dominiquais

L’augmentation de la teneur en gaz carbonique dans l’atmosphère [360 ppmv à la fin du XXe siècle contre 280 ppmv au milieu du XIXe siècle (Paskoff, 1993)] et l’élévation de la température de l’eau de mer (+ 1,5° C environ), sont autant de facteurs qui sous-tendent la dégradation des écosystèmes marins dominiquais. A titre d’exemple, l’augmentation de la récurrence des phénomènes cycloniques (entre 1990 et 1999, 18 phénomènes cycloniques majeurs ont été recensés sur l’Atlantique nord) et leur intensification sont à mettre en relation avec ces mutations climatiques d’ampleur globale. Pour ne prendre qu’un exemple, en 1999 l’ouragan Lenny a balayé le littoral dominiquais érodant les plages et arasant les platures coralliennes qui se remettaient à peine des dégradations cycloniques de l’année 1995. Ces manifestations nuirent gravement à l’économie touristique dominiquaise, mais plus encore à l’industrie de la pêche, dont les pertes furent évaluées à près de 6 millions de dollars. Une étude cofinancée par l’UNESCO et le Sea Grant College de Porto Rico (1998) indique qu’entre 1990 et 1999, 18 des 20 plus belles plages dominiquaises ont reculé de 1 m en moyenne chaque année (Scotts Head, Donkey Beach, Purple Turtle, Belle Hall, Toucarie Bay, Londonderry, etc.), alors que d’autres reculèrent de 3 m par an environ [Coconut beach, Pagua, Rockway, etc. (UNESCO, 1998)]. En dehors de ces manifestations érosives, un blanchiment des coraux et une diminution de la biodiversité furent aussi observés.

 

I.2 Des dégradations liées à de mauvaises pratiques agricoles

Bien que les phénomènes naturels aient un impact notable sur les écosystèmes côtiers dominiquais, les dégradations d’origine anthropique sont toutes aussi nocives. Par exemple, les mauvaises pratiques culturales sont à l’origine de l’érosion des sols et par extension d’une hyper sédimentation d’où la nécrose des platures coralliennes. Le relief accidenté de l’île de la Dominique oblige les agriculteurs à exploiter des terres pentues, favorables au ruissellement. Ainsi, la mobilisation des particules terrigènes par les eaux de ruissellement a pour effet de fossiliser les édifices récifaux ; la diminution de la luminosité, liée à l’augmentation de la turbidité de l’eau de mer, réduit la photosynthèse et entraîne une réduction des surfaces occupées par la flore sous-marine. L’envasement est l’une des causes principales de la dégradation et de la diminution de la biodiversité des écosystèmes littoraux et marins dominiquais, comme en témoigne la nécrose des platures récifales de « Délices » et de « La Plaine ». La mauvaise utilisation des intrants chimiques (engrais, pesticides, fongicides, nématicides, etc.) a aussi une incidence sur les écosystèmes marins. En outre, les sites d’extraction de granulats, localisés aux embouchures des rivières, ne font qu’accentuer la turbidité de l’eau de mer ce qui provoque l’asphyxie des coraux ; les récifs de « Grand Savane » sont particulièrement concernés par ces nuisances.

 

I.3 Quelques incidences indirectes

La dégradation des écosystèmes marins dominiquais n’est pas liée exclusivement à des pratiques culturales inadaptées, puisque la carence du système d’épuration est aussi à l’origine d’une pollution importante.

Il y a d’abord la présence de déchets solides – résultant des activités industrielles (verre, carton, plastique, métaux, etc.) – qui s’accumulent directement dans les rivières. L’absence de plans de gestion des déchets, liée à une collecte irrégulière du fait de ressources financières et humaines limitées, se traduit par la prolifération de décharges sauvages qui sous-tendent des problèmes de santé publique et plus généralement une contamination des cours d’eau et des eaux littorales.

L’une des plus importantes pollutions marines résulte de l’absence d’un réseau de traitement des eaux usées ; les effluents (eaux vannes, eaux chlorées, résidus citriques, etc.) sont rejetés directement dans le milieu, entraînant une diminution de la biodiversité et une eutrophisation synonyme de prolifération d’algues filamenteuses.

D’autres pratiques sont encore plus nocives : le long de l’Indian River, par exemple, se sont développés des aménagements commerciaux qui ont des conséquences désastreuses sur les zones de nidification des oiseaux migrateurs et sur l’habitat de nombreuses espèces rivulaires et marines. Ces activités ont pour effet de réduire le débit du cours d’eau (en raison des prélèvements effectués) entraînant ainsi des dysfonctionnements écosystémiques importants. Il en est de même de l’urbanisation anarchique des zones littorales (résidences principales ou secondaires à des fins touristiques) qui s’accompagne d’une augmentation de la demande en eau potable ; quand on connaît les carences du réseau de traitement des eaux usées, on entrevoit déjà les conséquences sur le milieu.

A ce triste tableau viennent s’ajouter des prélèvements de sédiments littoraux sableux utilisés dans l’industrie du bâtiment : 4,5 % des anses sablonneuses de la côte ouest et près de 20 % de celles de la côte est sont concernées par ces exploitations illégales (UNESCO, 1998).

 

Pour réduire ces dégradations, des programmes d’actions ont été mis en place par le gouvernement.

 

II. Présentation de quelques solutions concrètes

Les écosystèmes marins dominiquais étant soumis à des dégradations importantes, il s’est avéré nécessaire de trouver des solutions pour les réduire.

Dans un premier temps, une prise de conscience collective s’impose et cette dernière doit s’appuyer sur le système éducatif. Plus concrètement, certains dispositifs ont été mis en place pour contrôler la diminution de la biodiversité corallienne, mais plus encore pour réduire l’hyper sédimentation côtière. Par exemple, il est important de moderniser les pratiques culturales actuelles en évitant le travail du sol pendant la période pluvieuse et en interdisant les labours dans le sens de la pente. Il importerait aussi d’éviter les labours profonds (40 cm) qui en déstructurant le sol accentuent son érosion (Hartmann et al., 1998). Ces méthodes présentent de nombreux avantages : un coût modique, une mise en pratique relativement simple, une réduction de la vitesse du ruissellement qui de ce fait limite les transports sédimentaires et la propagation des produits dispersés sur le sol (insecticides, nématicides, etc.). Pour évacuer les sédiments déjà déposés, des campagnes de dragage s’imposent ; elles doivent toutefois être réalisées à l’aide de suceuses (marie-salope) de façon à éviter de dégrader les fonds marins.

La carence du système d’épuration des eaux usées est l’une des plus importantes sources de pollution ; la réduction des dégradations passe donc inévitablement par la réalisation d’un réseau d’assainissement. Pour ce faire, de nombreuses études ont été cofinancées en 2003 et en 2004 par l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI). La réduction des problèmes environnementaux liés à la présence de déchets solides passe par le développement de sites de collecte, le recyclage et la valorisation des déchets ; toutes ces actions  pouvant être soutenues par des financements internationaux. 

 

Conclusion

La vulnérabilité de l’île de la Dominique résulte des conditions naturelles du milieu (exiguïté du territoire, écosystèmes fragiles, ressources naturelles limitées, etc.) et des difficultés économiques résultant de sa micro insularité. Il est important de trouver des solutions adaptées aux dégradations observées sur cette île à travers une politique de planification efficace. Il est clair que cette démarche doit faire l’objet d’accords bilatéraux, comme ceux conclus avec l’ACDI dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Par ailleurs, le fonctionnement des différents écosystèmes ignore totalement les entités administratives dominiquaises (appelées « paroisses ») et pourrait faire l’objet d’une démarche de protection environnementale globale. Ainsi, à l’image de la coopération intercommunale pratiquée au sein des Départements Français d’Amérique (DFA), la nouvelle politique d’aménagement  dominiquaise devrait s’intégrer à un programme de planification solidaire entre les différentes paroisses de l’île. La mise en place de ces outils de planification doit passer par un enrichissement de la connaissance scientifique, pour que les solutions proposées répondent efficacement aux problèmes environnementaux observés. Il est évident que les limites financières et humaines ne permettront pas la réalisation de tous les projets, c’est la raison pour laquelle la coopération entre les États de la Caraïbe doit être approfondie.

 

 

Bibliographie

- Desse M., Saffache P. 2005. Les littoraux antillais : des enjeux de l’aménagement à la gestion durable. Paris : Ibis Rouge Éditions, Collection Géographie & Aménagement des Espaces Insulaires, 116 p.

- Forestry Wildlife and Park Division (Dominica), University of Puerto Rico, Sea Grant College program, Caribbean development Bank, UNESCO. 1998. Wise practices for coping with beach erosion, Dominica. S.L. : S.N., 10 p.

- Hartmann C., Blanchart E., Albrecht A., Bonneton A., Parfait F., Mahieu M., Gaullier C. & Ndandou J.F. 1998. Nouvelles techniques de préparation des vertisols en culture maraîchère à la Martinique.Agriculture et Développement, 18, pp. 81-89. incidences pédologiques et agro-économiques.

- Paskoff R. 1993. Côtes en danger. Paris : Masson, 250 p.

- Saffache P. 2003. Dictionnaire de géographie de la mer et des littoraux. Paris : Ibis Rouge Éditions - Presses Universitaires Créoles, Collection Documents Pédagogiques – Géographie, 101 p.



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